Le violon: une invention de la Renaissance

Répondant à l’évolution de la musique au XVIe siècle, le violon est une des grandes inventions de la Renaissance. Tel l’Avènement d’un Messie, il apparaît dans sa forme aboutie inchangée jusqu’à nos jours en 1555 en Italie. A l’intérieur est collée une petite étiquette signée de la main de son créateur: ‘Andrea Amati ‘.

Longtemps considéré comme une évolution de la viole de gambe, fidèle à sa réputation, ses origines sont pour le moins obscures. Son nom tout d’abord ne sera officiellement établi qu’au 17e siècle. Il était auparavant indifféremment appelé: viole, vièle, violon, viola, violetta, lira da braccio…ce qui ne simplifie pas la tâche.

Apparition du violon

Le violon est en fait le fruit de modifications structurelles des instruments à cordes frottées au XVe siècle  tels que le rebec ou la lira da braccio. De cette évolution naîtra deux familles d’instruments bien distinctes: les violes de gambes (‘viola da gamba’) et les violons (‘viola da braccio’). Les premiers étaient utilisés pour la musique sacrée notamment dans les processions religieuses; quant aux seconds, ils n’étaient bons qu’à jouer de la musique profane, à faire la fête et à danser. Mais son image païenne qui lui colle à la peau ne sera que de courte durée et il faudra peu de temps pour que cette petite boite au son gigantesque ne devienne une star. Sa puissance et ses possibilités sonores sont telles qu’il supplantera tous ses égaux si bien que le roi de France, Charles IX lui-même, voudra être témoin de sa magie. C’est ainsi qu’une douzaine d’instruments commandés en 1564 par la Reine Catherine de Médicis à Andrea Amati donna au violon toutes ses lettres de noblesse. Plus encore, ils fit du luthier son père fondateur et Crémone son berceau.

L’âge d’or

S’en suit des générations de luthier tels les Amatis, Guarneris, Rugieris et Stradivaris. Ce dernier, cent ans plus tard, par quelques modifications notoires et un contrôle absolu sur la fabrication de ses instruments, élèvera cet instrument jusqu’à la perfection: le Stradivarius, objet de toute convoitise. Antonio StradivariA sa mort en 1737, Il emporte avec lui ses secrets de fabrication, entraînant irrémédiablement la période d’or dans son déclin. La crise économique que subit Crémone à la fin du XVIIIe siècle sonnera le glas des violons taillés pour les rois et de tout un savoir-faire.

L’instrument fondamentale de l’Orchestre

La fin de la période classique, marqué par la mort de Beethoven en 1827, engendre une nouvelle ère musicale: le Romantisme. Aussi les orchestres de chambre font place à des formations plus conséquentes et dans des salles plus grandes. Le violon est alors en confrontation direct avec des instruments plus sonores tels que les bois, les cuivres et le piano. Nécessité pour lui de sonner plus fort et donc d’évoluer. On lui rajoute pour cela plus de pression en augmentant son renversement et en remplaçant les cordes en boyau par de nouvelles en métal. Pour éviter l’effondrement de la table d’harmonie, la barre et l’âme sont alors renforcées.  Ces modifications n’altèrent en rien l’architecture et l’esthétique du violon et sont pour ainsi dire mineures comparées aux autres instruments à cette époque. Depuis, il n’a pas changé. Il constitue les fondements de l’orchestre et la base des compositions contemporaines.

A 450 ans d’âge, il est plus que jamais moderne et reste une icône phare de la civilisation occidentale.

Yann Poulain